Grêle sur maïs : comment réagir ?

Les cultures de maïs en France ont été exposées, à nouveau ces derniers jours, à des épisodes orageux violents, accompagnés de grêle. Ceux-ci ont occasionné des dégâts de plus ou moins grande ampleur, qui peuvent amener à s’interroger sur un éventuel resemis. Partage des bonnes pratiques avec nos experts KWS.

Parcelle de maïs de Maxime Terrier après épisode de grêle à Avessé (Sarthe)

Parcelle de maïs de Maxime Terrier après épisode de grêle à Avessé (Sarthe)

Des champs de maïs touchés par la grêle

Ces derniers mois sont marqués par des épisodes orageux et des chutes de grêle localisées, qui font la Une de nos journaux télévisés. Et aucune région n’est épargnée ; c’est tour à tour la Franche-Comté, l’Allier, l’Alsace, le Bas-Rhin, la Gironde, la Seine-et-Marne ou encore la Dordogne, qui sont le théâtre de ce phénomène atmosphérique. Ce ne sont pas moins de 40 départements qui auront été touchés.

L’Observatoire français des tornades et orages violents, Keraunos, a qualifié juin 2022 d’ exceptionnellement grêligène : près de 2300 chutes fortes de (>2cm) relevées, près de 300 chutes violentes (> 5cm) et quelques grêlons géants (>10cm) ». Ces orages de grêle de 2022 se démarquent par les nombreux dégâts engendrés, significatifs de leur violence : toitures percées, voitures détruites, habitations et commerces inondés, électricité coupée…

Témoignage agriculteur

Maxime Terrier est jeune agriculteur dans la Sarthe (72) dans le village d’Avessé, à l’Ouest du Mans. Il est associé avec son père et son oncle sur le GAEC Terrier et Fils, qui emploie également une salariée. Ils exploitent ensemble 250 ha de SAU dont 100 hectares de maïs qu’ils destinent essentiellement à leurs vaches laitières. Ils ont subi un épisode de grêle aux alentours du 20 mai. « Les grêlons, de la taille d’une balle de ping pong, sont tombés pendant 15 minutes. Au moins 70 hectares ont été touchés ». L’agriculteur revient sur cet épisode qui l’a obligé à re-semer environ 45 hectares de maïs dans 3 parcelles. « On a re-semé que dans les parcelles irriguées pour limiter les risques. C’était essentiel, car il fallait sécuriser l’affouragement des bêtes et surtout éviter les maladies et le charbon dans l’ensilage ! ». A certains endroits, les plantules étaient hachées, à d’autres, elles se sont déracinées sous l’effet du ruissellement. Le re-semis a été réalisé 10 jours après l’épisode de grêle pour laisser le temps aux parcelles de ressuyer. Il a fallu un passage de déchaumeur à dent, de décompacteur et de herse avant de semer. « Le technicien nous a proposé une variété indice 280. Le maïs est bien ressorti. Mais il est très en retard par rapport au semis d’avril : 20 cm contre 1m20 ». Maxime Terrier reste positif face à cette épreuve. Désormais, il surveille la maturité des parcelles, en espérant que les mois de juillet et août seront cléments.

Les cultures sont loin d’être épargnées par les fluctuations climatiques. Après un mois de mai classé comme le plus chaud et sec enregistré en France, les agriculteurs doivent faire face aux dégâts causés par la grêle, visibles et immédiats ou à moyen terme. « Des milliers d’hectares ont été versés, déchiquetés ou noyés, notamment dans les Charentes, L’Eure-et-Loir, l’Allier, le Cher, la Côte d’or, les Yvelines et de nombreux autres départements » comme l’a déclaré le 7 juin l’Association Générale des Producteurs de Blé et autres céréales. Qu’en est-il sur maïs ?

Grêle sur maïs : bien évaluer les dégâts

Les impacts de la grêle sur le rendement diffèrent selon le stade de la plante et l’intensité des dégâts. Il est donc primordial de faire un diagnostic précis afin de prendre les bonnes décisions sur la suite à donner.

Comme l’explique Arvalis, le pronostic sur maïs dépend de 5 facteurs :

  • le stade des plantes, facteur clé
  • la nature de la grêle, plus ou moins chargée en eau
  • la présence d’un vent tourbillonnaire
  • l’orientation des grêlons et des rangs de maïs par rapport à la grêle
  • la taille des grêlons

A partir de 8 feuilles, l’épi se forme dans la gaine. La plante crée des ovules, destinés à être fécondés lors de la floraison. Les principales conséquences d’un épisode de grêle sont donc une perte de rangs et d’ovules sur le rang, voire la perte de l’épi principal. L’impact s’avère néanmoins modéré avant 10 feuilles. Découvrez notre guide en images pour identifier votre cas.

Impact sur le rendement ?

Au delà du stade de la plante, l’impact sur le rendement dépend directement de l’intensité des dégâts. Les conditions de végétation après épisode de grêle vont également avoir une influence sur la capacité de récupération de la plante. Un temps doux, sans variation de température est plus propice au remplissage de la plante et limitera la baisse rendement.

En cas de grêle, faut-il re-semer ?

Dans tous les cas de figure, il est recommandé d’attendre 3 à 4 jours après l’averse pour pratiquer une coupe longitudinale sur les pieds. Si le bourgeon terminal est vert / blanc, le développement pourra continuer. A contrario, un brunissement indiquera la destruction de la plante.

Compte tenu des épisodes de grêle de cette année (fin juin) et du stade avancé des maïs, un recours à des maïs en dérobées (gamme Ultra précoce KWSUP') peut être pertinent. Cette gamme (indice inférieur à 200) a des besoins en chaleur plus faibles (<1300 degrés jours en fourrage et < 1600 degrés jours en grain) avec des performances très intéressantes pour leur précocité. Dans tous les cas de figure, quelle que soit la variété envisagée, il faudra vérifier que les unités chaleur nécessaires aux plantes pour atteindre leur maturité soient accessibles. Pour ne pas gêner le développement de la nouvelle culture, les plantes endommagées devront être enlevées.

Observation de l'apex suite à épisode de grêle

Observation de l'apex suite à épisode de grêle

En fonction de ce diagnostic de densité restante, se pose alors la question d’un éventuel resemis en fonction de la grille indicative ci-dessous.

Précocité Resemis du 15 au 30 mai Resemis du 1er au 20 juin
Très Précoce 55 000 40 000
Précoce 50 000 35 000
1/2 Précoce corné 50 000 35 000
1/2 Précoce denté 45 000 30 000
1/2 tardif 45 000 30 000