Production de maïs en Ukraine : les conséquences du conflit
La guerre fait rage en Ukraine depuis le 24 février 2022. Le pays est l’un des principaux producteurs de maïs et de tournesol à l’échelle européenne. Quelles conséquences le conflit peut avoir sur la production, le marché et les prix de la filière semences en France ? Eléments de réponse avec Romain Proffit, Responsable Production France chez KWS.
Production épargnée pour KWS en 2022, quid de 2023 ?
L’Ukraine représente environ 7 % de la production de semences de maïs à l’échelle de l’Europe élargie pour KWS. Les parcelles de production sont situées au Sud-Ouest de Kiev, une région plus ou moins épargnée par les bombardements jusqu’à présent.
La Russie est, elle aussi productrice, mais pour son propre marché.
Pour Romain Proffit, KWS fait donc face à un risque modéré pour le moment, au contraire d’opérateurs plus engagés dans ces pays.
Mais la société a rencontré beaucoup de difficultés au niveau logistique, surtout à l’annonce du conflit. Le déclenchement de la guerre a eu pour conséquence l’arrêt des flux physiques export / import entre l’Ukraine, la Russie, la Bielorussie et la France.
Les chargements de semences commerciales et semences de base ont été immobilisés un moment en vue de l’incertitude croissante. « Heureusement, ils ont pu reprendre. »
Cependant il est difficile à ce jour de connaitre les conséquences définitives car le contexte évolue chaque semaine et l’incertitude demeure donc grandissante. Et comme tous les acteurs du marché, KWS reste prudent pour 2023 et se garde la possibilité d’ajuster sa stratégie et son plan de production selon les évolutions de la situation.
Une sécurisation des semis dans les régions utilisatrices
« A mi-mai, 100% de la sole sont déjà semés ».
Le Responsable Production France explique que le début de la guerre a coïncidé avec la période de planification des semis en février. « Le plan de production, qui a vocation à organiser les semis dans les différentes régions productrices de KWS, a été revu ».
Il explique ainsi que les différentes variétés ont été semées dans les pays dans lesquels elles seront commercialisées et ce, pour sécuriser les approvisionnements. « Généralement, pour gérer les risques météo, une certaine partie de la production pour l’Europe 27 est semée en Ukraine et vice-versa. Cette année, le risque c’est l’impossibilité de livrer les produits récoltés à cause de la guerre ».
Des conséquences pour les agriculteurs français ?
De manière générale, les producteurs de semences devraient plutôt bien s’en sortir s’ils ont sécurisé leurs achats d’engrais pour la campagne avant le conflit. « Et c’est pareil pour les agriculteurs français ».
L’unité d’azote est en effet jusqu’à 4 fois plus chère.
Mais Romain Proffit redoute des effets à moyen ou plus long terme : « si le coût des intrants reste à un haut niveau et que les cours reviennent à la normale ».
Le conflit a aussi entraîné une augmentation des cours des denrées agricoles en général. Il existe ainsi une tension sur l’huile de tournesol. Le Responsable Production redoute aussi de potentielles pénuries sur les marchés des céréales avec des conséquences alimentaires pour les régions fortement importatrices comme l’Egypte ou le Nord du Maghreb. Ces pénuries ne devraient pas épargner la France et la hausse des intrants pourrait donc se poursuivre l’année prochaine. Les coûts de production sont liés au cours des marchés de consommation, ainsi il est probable qu’on assiste à une inflation du prix des semences l’an prochain si cette tendance perdure.