L’irrigation : concilier économie et écologie
En France, 75 000 irrigants utilisent la ressource en eau pour 5.5 millions d’hectares, soit 5% de la SAU agricole (chiffre RGA 2010). L’accès à la ressource en eau est essentiel pour obtenir des rendements à la hauteur des attentes sur les territoires soumis à des stress hydriques réguliers. Mais elle l’est tout autant pour des questions de qualité, pour répondre aux cahiers des charges des filières ou pour assurer l’exploitation de petites entreprises agricoles diversifiées. Sabine Battegay, animatrice chez Irrigants de France témoigne des enjeux qui entourent l’utilisation de l’eau en agriculture.
Défendre l’irrigation durable
« Les données issues de Recensement Général Agricole (RGA) réalisé en 2020 vont nous permettre d’avoir une vision actualisée de ce que représente l’irrigation en France. Pour le moment, nous utilisons les derniers chiffres de 2010 ». Le rapport est attendu avec beaucoup d’impatience parce qu’il permet de faire un état des lieux de la pratique. Une pratique essentielle pour l’animatrice car le besoin en eau est essentiel dans le secteur agricole. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de l’existence de l’association des Irrigants de France. « Nous défendons les intérêts des irrigants et la valeur qu’ils créent sur les territoires, avec une vision qui repose sur la gestion durable de la ressource en eau ».
Anticiper le changement climatique
Pour Sabine Battegay, et face aux changements climatiques, « l’irrigation s’inscrit dans un contexte de baisse de la pluviométrie estivale dans les années à venir ». Mais irrigation et changement climatique ne sont pas antinomiques, au contraire. La pratique y garde toute sa place et doit être réfléchie de façon globale, en associant l’ensemble des filières, pour dessiner une vraie cohérence. « La vraie question est : comment les agriculteurs vont-ils s’adapter au changement climatique ? » Pour sûr, l’irrigation sera une partie de la réponse. C’est ce point de vue que porte Irrigants de France dans toutes les réflexions liées au sujet de l’eau en agriculture, aux côtés des autres organisations agricoles. L’association prend part à toutes les réflexions sur le sujet et notamment lors des travaux du Varennes de L’Eau et du Changement Climatique mené en 2021. Mais aussi, dans la réflexion sur le plan eau de la planification écologique, qui a été lancée par Elisabeth Borne cette année.
En savoir plus sur Irrigants de France
IRRIGANTS de France est une instance nationale dont l’AGPM est membre, qui représente l’ensemble des agriculteurs irrigants sur le territoire français. Valoriser et défendre l’irrigation auprès des décisionnaires nationaux et européens, informer les irrigants, protéger leurs intérêts, telles sont ses principales missions. Aujourd’hui, IRRIGANTS de France est devenue une véritable plateforme d’échanges en matière d’irrigation agricole grâce à une expertise règlementaire et économique reconnue, en lien avec les autres organisations professionnelles agricoles.
Porter la voix des irrigants
« Lorsque nous participons à ces débats, nous expliquons les enjeux que représente l’irrigation pour nos producteurs, les itinéraires techniques qu’ils pratiquent, leurs assolements et leurs usages ». Irrigants de France vulgarise également les travaux techniques sur le sujet, comme ceux d’Arvalis, pour montrer la réalité des progrès dans le domaine, mais aussi pour chercher des financements. « La recherche sur le sujet souffre encore de manque de moyens, notamment pour le transfert des pratiques vers les exploitations ». « Entre 2003 et 2013, les surfaces équipées pour l’irrigation en France ont stagné alors qu’elles augmentent partout en Europe ». Pour l’animatrice, ces chiffres s’expliquent à la fois par les interdictions d’irriguer lors des arrêtés sécheresse et par les freins administratifs ou réglementaires de plus en plus importants. L’association se donne alors le rôle de limiter les contraintes au strict nécessaire, pour permettre l’accès à l’eau, nécessaire à l’alimentation de la population.