Le maïs souffre de la chaleur en 2022 : premier bilan de l’année culturale

Premier bilan maïs 2022 : les canicules amputent les rendements

Au début, l’année 2022 avait tout pour plaire en maïs : des semis précoces réussis, un printemps chaud. Mais le manque d’eau et les épisodes caniculaires au moment de la floraison ont amputé le rendement, en ensilage comme en grain. Selon des estimations, le PMG pourrait subir les conséquences de cette chaleur en maïs grain et provoquer une baisse de 20 à 30 q /ha. Les tendances montrent un grain très sec. C’est une bonne nouvelle dans une année 2022 où le prix du gaz risque d’être élevé pour le séchage. La marge économique pourrait être supérieure à l’an dernier. Rémy Merceron, Chef-Marché maïs chez KWS dresse un premier bilan sur l’année culturale du maïs 2022.

Maïs 2022 : premier bilan d'une année atypique

Maïs 2022 : premier bilan d'une année atypique

De très bonnes conditions en semis précoce

Les semis de maïs 2022 ont été réalisés de fin mars à mai. Le Centre-Ouest et le Sud-Ouest ont bénéficié des semis les plus précoces avec de très bonnes levées. Les conditions étaient également bonnes pour les semis intermédiaires. Mais les levées ont été hétérogènes, à cause des attaques de corbeaux. Le potentiel reste néanmoins élevé.

Pour la troisième vague de semis, de fin avril à début mai, certains producteurs ont dû attendre la pluie pour semer dans le Sud-Ouest. La période sèche qui a suivi a provoqué de nombreux manques. Pour Rémy Merceron, « les problèmes d’enracinement dus à la chaleur ont aggravé encore le manque d’eau des plantes durant la suite du cycle ».

Vous souhaitez lire plus d'articles comme celui-ci ?

Des problèmes de fécondation à cause de la canicule de juillet

A cause des premières grosses chaleurs de juin, le maïs se développe par vagues dans les parcelles. Mi-juin, le stress des cultures est important avec la première canicule, mais des pluies tombent au bon moment. Les premières floraisons se produisent alors grâce au cumul de sommes de températures importantes dès le début du cycle. « Le maïs profite encore des jours longs avec 16 heures d’ensoleillement par jour. »
La seconde canicule, mi-juillet, fait monter les températures à 40°C provoquant des problèmes de fécondation. De nombreuses plantes se développent sans épi. Pour les semis tardifs, la croissance est parfois stoppée en sec avec des plantes mesurant moins de 1 mètre 50. Certains éleveurs choisissent d’ensiler dès le mois de juillet pour sauver une partie des récoltes. « Le reste du mois de juillet est très sec, les cultures sont stressées, même en maïs irrigué où les tours d’eau ne compensent pas les manques de pluies », selon Rémy Merceron.

Dans d’autres zones, des arrêtés préfectoraux interdisent l’irrigation et empêchent l’apport d’eau à la plante.

L’année des grands écarts en maïs

La disparité des situations se manifeste de 3 façons cette année :

  • Entre les parcelles en fonction des choix effectués lors des semis, comme par exemple : le calendrier, la préparation de sol, la profondeur de semis, etc... « 50 % du potentiel se joue au semis » comme le rappelle notre Chef marché maïs. « Nous travaillons déjà avec les agriculteurs et nos partenaires distributeurs pour identifier ensemble les meilleurs choix à reconduire aux prochains semis. »
  • Au sein des parcelles : l’hétérogénéité des sols est directement visible dans le développement végétatif des maïs.
  • Entre secteur : en fonction des pluies d’orage de cet été. Les potentiels de rendement vont du simple au triple dans les régions concernées.

Des ensilages médiocres, des rendements grain incertains

Les premiers ensilages au stade optimal de 30-35% de MS ont eu lieu début août avec 3 ou 4 semaines d’avance. Les rendements sont bas, mais la proportion de maïs grain dans le maïs ensilage est satisfaisante. Pour pallier la baisse de rendement, les éleveurs se tournent vers l’ensilage de leurs parcelles en maïs grain.
En grain, les récoltes débutent au 15 août avec des humidités de 13 à 22 % dans diverses zones :

  • Les régions du marais poitevin
  • Les zones séchantes du Centre-Ouest
  • Les zones du Sud-Ouest où des semis d’esquive ont été réalisés

Le rendement semble correct vu les conditions. Rémy Merceron alerte cependant : « pour les récoltes encore à venir, attention aux tiges fragilisées et aux pertes d’épis et de grains sur pied, surtout en cas d’intempéries. »

La robustesse du maïs

En dépit de cette situation compliquée, il faut reconnaître la robustesse du maïs face à la météo extrême en température et sécheresse de 2022. Avec quelques millimètres d’eau seulement et en 4 mois, le maïs a permis de produire du fourrage et du grain, là où les autres fourragères et cultures de printemps ont été stoppées dans leur développement végétatif.

Les premières récoltes en fourrage apportent des bonnes surprises pour les maïs qui ont passé les périodes climatiques difficiles. La proportion de grain dans l’ensilage est assez élevée. Dans les autres situations, la variabilité de la qualité du maïs est importante.

Les récoltes grain, elles, sont en avance avec un niveau d’humidité proche des normes (15% d’humidité). En sec, le rendement obtenu est corrélé à la réserve hydrique du sol et des pluies de fin juin ou celles d’été. Les premières tendances se situent entre 20 et 100 q/ha. En zone irriguée, la disparité de rendement sera très importante (entre 20 et 150 q/ha) car liée à :

  • Disponibilité en eau pour l’irrigation
  • Fréquence d’irrigation pour palier la demande climatique


Le maïs a su prouver sa résilience

Le maïs a su prouver sa résilience

  • Qui est Rémy Merceron ?

    Rémy Merceron est chef-produit Maïs Grain chez KWS. Ses tâches se concentrent sur la définition d’une gamme de variétés adaptées au territoire français. Il fait le lien entre la recherche, les besoins des clients et les services techniques de KWS, tout en assurant des tâches importantes au niveau commercial et marketing.