Météo 2022 : nouvelle année difficile en maïs semence
Le climat de 2022 met une nouvelle fois les productions de maïs semence sous tension. Le printemps chaud et sec a obligé les agriculteurs multiplicateurs à utiliser l’irrigation pour faire lever les différents semis de mâles et femelles dans plusieurs régions françaises. Aujourd'hui la sécheresse est plus que jamais au centre de toutes les discussions. Retour sur l’année et premiers bilans.
Une année idéale pour la mise en place des composantes de rendement élevées
A la faveur d’une bonne luminosité, les organes floraux se sont bien initiés et les potentiels panicules/épis avant floraison étaient prometteurs. La grêle s’est invitée lors des orages du mois de juin, entrainant des dégâts variables ; jusqu’à la destruction de parcelles très endommagées.
Chaleur extrême et sécheresse en production de semences
Une première canicule en juin
La vague de chaleur du 14 au 18 juin a consommé une bonne partie des réserves en eau des sols. Comme l’illustre la photo ci-dessous, les capacités des systèmes d’irrigation n’ont pas suffi à compenser l’évapotranspiration, tant en quantité qu’en fréquence de passage, phénomène accentué par un vent d’Est chaud et intense.
Une seconde canicule pendant la floraison du maïs
Les chaleurs des 2 premières décades de juillet sont arrivées en plein pic de floraison. Les températures régulièrement supérieures à 30° ainsi que le pic les 17 et 18 juillet à 40° devraient avoir un impact négatif sur les fécondations ou les poids de mille grains (PMG) des parcelles fleuries avant le 14 juillet.
Depuis les semis, les agriculteurs et les équipes techniques mettent tout en œuvre pour maintenir l’état cultural des parcelles, favoriser la pollinisation et assurer au mieux rendement et qualité des semences de maïs pour les prochains semis.
Cependant, 2022 risque d’être la pire année pour le maïs depuis 20 ans, selon Romain Proffit, responsable de production France chez KWS. « 2003, 2015, 2019 et 2020 étaient déjà des années très chaudes, mais les canicules et la sécheresse étaient moins étendues et sont arrivées plus tard, souvent lorsque la fécondation était déjà réalisée, ce qui n’est pas le cas cette année ».
De mauvaises récoltes dans toute l’Europe
Les récoltes ont débuté exceptionnellement mi-août avec 10 jours d’avance. Les premiers résultats compilés ne sont pas encore connus. Mais les rendements en maïs semence seront mauvais en France avec 76 à 78 % des objectifs et dans toute l’Europe, comme l’a annoncé la FNPSMS dans un communiqué le 31 août. Romain Proffit évoque des disparités régionales avec l’Est de la France, de la vallée du Rhône jusqu’en Alsace, qui a été moins touché par les canicules. En revanche de la Vallée de la Loire jusqu’au Sud-Ouest, les pertes sont déjà considérables.
Au niveau qualitatif, les premières tendances seront connues dans 15 jours. « Il est encore compliqué de tirer des conclusions aujourd’hui, car nous avons encore 8 semaines de récolte devant nous » selon Romain Proffit.
Quid du maïs conso ?
Des situations très hétérogènes
Les situations en France sont très hétérogènes face à la sécheresse et aux différentes périodes très chaudes. En effet, plusieurs éléments sont à considérer :
- Date de semis : pour les semis précoces, le maïs subit normalement moins les impacts des conditions chaudes et sèche que les semis de fin avril ou mai.
- Préparation de sol : toutes les zones compactées sont en retrait cette année
- Sol à faible réserve hydrique : le maïs souffre et parfois n’atteint pas le stade floraison (semis de fin avril et début mai). Les maïs avec des épis sont en rupture d’alimentation actuellement.
- En irrigué : les composantes de rendement de l’épi sont plutôt bonnes. En revanche les arrêts d’irrigation vont limiter rapidement le potentiel de ces parcelles
Sécuriser les stocks en maïs ensilage
En maïs fourrage, les récoltes ont commencé au mois de juillet pour sauver les parcelles dont les croissances ont été stoppées par la sécheresse. Les maïs n’ont souvent pas d’épi et les plantes sont partiellement desséchées. Les premiers ensilages au stade 30-35 % de MS ont commencé début août avec 3 semaines d’avance. Les rendements sont affectés, mais la proportion de grain est satisfaisante. Pour sécuriser les stocks, les éleveurs se sont aussi tournés vers des parcelles destinées à la récolte en maïs grain.
Un rendement moindre, mais moins de frais de séchage en maïs grain ?
En maïs grain, les stades à 35 % d’humidité du grain sont arrivés au 15 août (humidité de 13 à 22 %). En conditions limitantes, il est nécessaire de suivre l’état de sénescence de la plante. Les vidanges de tiges risquent d’arriver tôt, fragilisant la tenue de tige. En conséquence, les risques de verse à sur-maturité existent. Les réglages machines seront à modifier pour éviter, à la récolte, d’avoir trop de grains cassés. En dehors de ces situations, les récoltes à basses humidités devraient être la norme. C’est une bonne nouvelle dans un contexte où le prix de l’énergie augmente.