Mycotoxines : les conseils pour diminuer les risques sur maïs

Les mycotoxines sont responsables de conséquences graves sur la production animale. Pour éviter ces substances dans l’alimentation des animaux, il existe des pratiques culturales pertinentes à mettre en place. Retour sur les principales mycotoxines rencontrées sur maïs, leur développement et les méthodes de lutte appropriées.

Mycotoxines : conseils pour diminuer les risques sur maïs

Mycotoxines : conseils pour diminuer les risques sur maïs

Quelles sont les mycotoxines retrouvées sur maïs ?

Les mycotoxines sont des substances toxiques qui sont produites par des champignons. Sur maïs, on parle plus précisément des espèces Fusarium et Aspergillus. Ces dernières peuvent se développer en culture, mais aussi lors du stockage. Le fusarium est le type de champignon le plus rencontré en France

Voici les mycotoxines qu’on retrouve le plus régulièrement sur maïs :

  • DON et Zéaralénone pour Fusarium graminearum
  • Fumonisines pour Fusarium Section liseola
  • Aflatoxines pour Aspergillus

Comment se développent les mycotoxines sur maïs ?

Les conditions qui permettent le développement des champignons et par conséquence des mycotoxines sont principalement liées au climat et notamment l'humidité. En fonction de la météo, on peut observer plutôt :

  • Fusarium graminearum, lorsque les étés sont doux et humides (25-27°C)
  • Fusarium section liseola, lorsque les étés sont chauds et secs (> 30°C)
  • Aspergillus, lorsque les étés sont très chauds et secs (>34°C)

D’autres facteurs contribuent à son développement en favorisant les foreurs (pyrales, sésamies) et notamment les pratiques culturales. La sensibilité est aussi due au comportement génétique.
Pour Jean-Luc Demars, chef marché fourrage et grain chez KWS, « On a coutume de dire que les mycotoxines se développent plutôt dans des environnements humides. Pourtant, ce n’est pas aussi simple que cela ». Il en veut pour preuve l’année 2022, qui a été chaude et sèche. Beaucoup de mycotoxines se sont développées et notamment la Nivalénone et un peu de DON (Déoxynivalenole). Dans les années habituelles, et en 2021 qui a été froide et humide, on observe l’effet inverse. « Certaines mycotoxines sont plus sensibles à l’humidité, d’autres se développent dans des conditions chaudes et sèches. »

Quelles sont les conséquences de l’ingestion de mycotoxines du maïs sur les animaux d’élevage ?

Les hautes productrices laitières, plus sensibles aux toxines

Généralement, les animaux ruminants, comme les bovins, sont moins sensibles à ces substances fongiques toxiques. Leur système digestif, basé sur la rumination, permet en effet de dégrader les toxines avant leur absorption intestinale.
Mais dans certains cas, des atteintes sont observées au foie, au niveau du système digestif et nerveux. Des problèmes peuvent aussi apparaître au niveau du système reproducteur (avortement, infertilité). C’est le cas chez les moutons, mais aussi chez les hautes productrices laitières, qui sont plus sensibles. Ces observations ont été mises en évidence par l’observatoire des mycotoxines (voir encart), dont KWS est partenaire, et ce, sur plusieurs élevages laitiers.

Les monogastriques, très sensibles aux mycotoxines

Les monogastriques sont très sensibles aux toxines. En fonction des types de mycotoxines rencontrées, les symptômes peuvent être les mêmes que chez les bovins. On note également des conséquences importantes sur la productivité. La croissance des animaux est ralentie et le système immunitaire peut être touché. Des résidus peuvent aussi être retrouvés dans la viande.

Comment éviter le développement des mycotoxines sur maïs ?

Les pratiques culturales

Pour Yvan Contrain, responsable développement de KWS, « toutes les pratiques culturales qui ont pour vocation de détruire les résidus du précédent sont bénéfiques pour lutter contre les mycotoxines ». Elles vont soit :
- Détruire le champignon producteur de mycotoxines (inoculum) par dégradation naturelle.
- Détruire l’habitat des larves de foreurs (notamment pyrale), qui provoquent des lésions par lesquelles s’introduisent certains champignons (Fusarium Section liseola).

La lutte contre les foreurs est dans tous les cas l’une des solutions pertinentes à proposer au maïsiculteur. Jean-Luc Demars évoque un essai initié avec la société FMC France avec du Coragen. Il a montré des résultats convaincants en Bretagne. Sur 9 démonstrations, 38% des pieds étaient touchés par des mycotoxines sur les plants non traités contre les foreurs. Les rendements ont été réduits de 2.5 quintaux par rapport aux plants traités. Sur ces derniers, les résultats étaient vraiment moindres, de l’ordre de 6%. « Les mycotoxines n’impactent donc pas seulement la santé des animaux qui les ingèrent, mais aussi les composantes de rendement » pour le chef marché de KWS.

La fertilisation en azote doit aussi être apportée en quantité optimale pour « limiter le stress et permettre un développement des défenses naturelles de la plante contre les mycotoxines ».

Le choix variétal

Certaines variétés sont moins sensibles aux champignons, et par conséquence aux mycotoxines. Il est donc important de sélectionner une variété correspondante aux risques de la région. Pour mieux appréhender la part génétique et orienter le conseil, des essais d’inoculation sont réalisés en année favorable. On y observe le développement sur différentes variétés.

Inoculation dans le canal des soies et dans les grains (par blessure)

Inoculation dans le canal des soies et dans les grains (par blessure)

Lors du stockage

Les champignons sont présents à l’état latent au niveau du stockage. Le nettoyage des silos, mais aussi la maîtriser de l’humidité, l’aération et la fermentation par la confection des silos est essentielle.

Récoltes tardives

Eviter les récoltes tardives en décalant le cycle du maïs peut aussi amener à diminuer les teneurs en mycotoxines dans le produit final. Certaines mycotoxines, comme le ZEA se développent en effet plus tardivement.

Qui sont nos 2 interviewés ?

Qui est Yvan Contrain ?

Yvan Contrain est responsable du développement chez KWS. Il s'occupe de toute la mise en essai des variétés maïs. Il fait le lien entre la recherche et l'agroservice.

Yvan CONTRAIN - Responsable du Développement KWS

Yvan CONTRAIN - Responsable du Développement KWS

Jean-Luc DEMARS - Chef marché KWS maïs fourrage & grain précoce

Jean-Luc DEMARS - Chef marché KWS maïs fourrage & grain précoce

Qui est Jean-Luc Demars ?

Jean-Luc Demars est chef marché fourrage et grain très précoce chez KWS. Il a une longue expérience de coordination des essais maïs dans la région bretonne.

L’observatoire des mycotoxines

L’observatoire des mycotoxines est un organisme ayant pour objectif de mieux comprendre le développement des mycotoxines. Les partenaires sont issus du monde du conseil en production animale (contrôle laitier, organismes de conseils agricoles,…) et de la production végétale, comme KWS. Il a construit un outil en ligne pour aider les exploitants à déterminer le risque de mycotoxines sur leur exploitation. En entrant des données de départ sur votre exploitation, l’outil vous donne une idée du risque en un clic.