Outils pour la gestion des nématodes
1. Choix Variétal
Depuis plusieurs années, le choix variétal est la meilleure réponse aux infestations de nématodes.
De 2005 à 2019, le marché des variétés tolérantes aux nématodes à kystes a été multiplié par six en France, passant de 19 000 à presque 118 000 unités.
L'utilisation des premières générations de ce type de variétés était très concentrée autour de quelques usines telles que Vic-sur-Aisne, Bucy-le-Long, Origny-Ste-Benoîte, Guignicourt, Bazancourt et Artenay. Cela s' expliquait par "la fatigue des sols" qui était la conséquence de rotations courtes sur plusieurs décennies.
Les planteurs concernés se souviennent assurément des variétés PAULETTA, mais surtout JULIETTA. Les rendements ont instantanément progressé de 20 tonnes par hectare, pour atteindre un potentiel de 70 à 80 tonnes par hectare. La rentabilité de la culture était retrouvée dans le contexte de l'époque.
Depuis, les parcelles couvertes en variétés anti-nématodes se sont étendues, essentiellement en extension des zones historiques.
Depuis cinq ans, nous observons même une accélération de l'utilisation de ce type de variétés dans des secteurs peu concernés auparavant ( Oise, Somme, Nord-Pas-de-Calais, Marne et Aube).
a. La présence du parasite :
Toutes les parcelles concernées n'ont pas le même niveau d'infestation :
- Les parcelles en contamination forte (perte de rendement supérieure à 10 tonnes par hectare, carence magnésienne, salissement important) ont été rapidement couvertes.
- Pour les parcelles en contamination plus diffuse, la présence du nématode est beaucoup moins visible. Les carences magnésiennes ne s'extériorisent pas, mais le rendement final est décevant (ce qui peut être le cas d'un rendement de 90 tonnes par hectare en bonne terre).
b. L'évolution de la génétique :
JULIETTA, première variété double tolérante rhizomanie nématodes, avait les défauts des premières générations : sensibilité plus forte à la vernalisation, aux maladies du feuillage et moins de vigueur à la levée. Son potentiel de rendement en terrain sain était aussi inférieur aux témoins simples rhizomanie de l'époque.
Aujourd'hui, les variétés double tolérantes ont désormais le même potentiel de rendement en terrain sain que les témoins simple rhizomanie, et sont stables année après année.
En effet, nous savons que ces générations sont plus rustiques et ont des résultats constants quelles que soient les conditions.
Cela explique en grande partie le développement du marché nématodes chez les planteurs ayant fait le comparatif au sein d'une même parcelle entre une variété nématode et une autre simple rhizomanie.
À n'en pas douter, le développement de ce marché va s'accélérer car beaucoup de planteurs y ont intérêt : en gagnant du potentiel de rendement dans les parcelles faiblement infestées, mais également en sécurisant le rendement dans un contexte plus volatil.
2. Utilisation de cultures dérobées résistantes aux nématodes
La culture dérobée de plantes résistantes aux nématodes a été pendant longtemps, la seule méthode pour prévenir le développement de populations élevées de nématodes dans les rotations des cultures de betterave à sucre. Les cultures dérobées permettent même de réduire les fortes densités de population existantes. Les plantes efficaces disponibles à cette fin sont des crucifères (variétés de moutarde jaune et de radis fourragers résistants).
Méthode :
Réduire la population de nématodes en déplaçant le rapport mâle-femelle vers la population mâle. Les femelles ont besoin d'environ 40 fois plus de nourriture pendant leur croissance que les mâles pour terminer leur développement.
- Dans le cas des plantes-hôtes sensibles, le rapport mâle-femelle est presque 1:1 ;
- chez les plantes résistantes, il est de 100:1
Pour contrôler les nématodes de façon efficace, n'oubliez pas que :
- Seules les variétés résistantes de radis fourragers et de moutardes réduiront la densité de population ;
- Toutes les autres variétés de ces espèces contribuent à la multiplication
- Prenez soin de préparer un lit de semences optimal !
- Les stimulus d'éclosion ne peuvent être déclenchés que lorsque les nématodes ont un contact important avec les racines
- Un automne très sec ou très frais limite la réduction de la population de nématodes
3. Cultures de colzas et de betteraves à sucre en rotation des cultures
Lorsque vous voulez cultiver du colza dans le cadre d'une rotation des cultures, il y a quelques défis à relever, car le colza et les betteraves peuvent tous deux augmenter la population de nématodes.
Cependant, la culture du colza d'hiver a généralement un potentiel plus limité pour la propagation d'Heterodera schachtii, puisque :
- Le colza d'hiver est semé à l'automne avec des températures du sol en baisse.
- Le cycle de développement du nématode à kyste de la betterave ne peut être achevé avant l'hiver.
- Les nématodes ont également un faible taux de développement au printemps en raison des basses températures du sol.
- Les larves n'ont que de fines racines à leur disposition pendant l'infestation
- Au début de la floraison, la croissance des racines de colza est fortement réduite, et donc le stimulus d'éclosion des nématodes aussi
La culture du colza d'été et la lutte contre les repousses de colza présentent de plus grands défis.
Ainsi, les repousses du colza d'hiver peuvent entraîner une très grande multiplication des nématodes !
Pour empêcher la multiplication des nématodes :
- Lutte précise et opportune contre les repousses de colza (en respectant la réglementation).
- Gestion des chaumes ou application d'herbicide après avoir atteint une somme thermique de 250 °C.
- En éliminant ces repousses de colza, le cycle de multiplication est rompu, et la population de nématodes peut même être réduite.
Dans les rotations de cultures de colzas et de betteraves, il faut éviter de semer des radis fourragers résistants aux nématodes ou de la moutarde jaune, car les deux cultures dérobées appartiennent à la famille des crucifères et favorisent la maladie appelée "hernie du chou".