Cultures de maïs et fluctuations climatiques : qu’est-ce que ça change ?
Le réchauffement climatique est une réalité pour les cultures de maïs. Les épisodes extrêmes sont de plus en plus fréquents et intenses. Depuis 1990, pas moins de 10 années sont considérées comme les plus chaudes du siècle. Comment réagit le maïs et quelles sont les stratégies physiologiques et variétales possibles pour garantir un rendement ? Réponses avec Yvan Contrain, responsable développement maïs et colza chez KWS.
Le maïs : une culture efficiente, mais un besoin en eau au plus chaud de l’été
Pour Yvan Contrain, « Le maïs a besoin d’être plus résilient par rapport à ces épisodes de chaleur et ces accidents climatiques ».
Il explique que pour cette culture, la problématique se pose surtout lors de la floraison, en juillet. Les besoins en eau du maïs sont alors à leur apogée. Et sans une ressource en eau suffisante, la fécondation se passe mal et le grain est amené à avorter. Et pourtant : le maïs est beaucoup plus efficient que d’autres cultures, et notamment le blé.
« Le problème, c’est que son besoin en eau est plus visible : en plein été pour le maïs et au printemps pour le blé. »
Aujourd’hui des difficultés se posent même en Bretagne, alors que le climat est supposé y être tempéré et océanique. « Mais les fortes chaleurs y sont plus rares en été. »
Des stratégies pour contrer le stress hydrique et la chaleur
Depuis 15-20 ans, les dates de semis sont avancées. Des variétés plus tardives sont utilisées, notamment dans le Nord de la France. « Des indices G3 et G4, autrefois utilisés seulement dans le Sud de la France sont maintenant implantés au Nord ».
La raison est simple à comprendre pour Yvan Contrain. Les sommes de températures permettent de cultiver des maturités plus élevées et obtenir plus de rendement.
Selon le responsable développement, le sélectionneur développe aussi des stratégies pour gérer ce stress. « Certaines variétés ont la capacité de résister à ces épisodes extrêmes. »
Il s’agit pour la plante :
- de modifier son cycle pour que certaines étapes soient réalisées avant les périodes sensibles (esquive).
- de limiter les pertes en eau (évitement)
- d’agir sur son métabolisme pour mieux tolérer la sécheresse (tolérance).
Tout l’intérêt de la sélection variétale est de détecter ces stratégies pour commercialiser les variétés adéquates à un contexte pédoclimatique.
40 % du réseau de tests en conditions stressantes
« Aujourd’hui, on cherche à conseiller des variétés stables en rendements. C’est-à-dire qu’elles doivent présenter un rendement élevé en conditions fluctuantes » pour Yvan Contrain.
Pour cela, une partie du réseau de tests de KWS est opérée en conditions stressantes.
Les maïs sont ainsi irrigués partiellement pour simuler un stress hydrique calculé à l’avance et observer le comportement des différents hybrides.
Au-delà de la variété, Yvan Contrain pense à plusieurs autres stratégies pour minimiser les risques.
« Les agriculteurs vont cultiver plusieurs variétés et précocités. Ils peuvent également diversifier les modes de récoltes, pour l’alimentation animale, notamment en grain humide plutôt qu’en ensilage ».
Les solutions de captage d’eau en hiver (retenues et barrages,…) pour l’irrigation l’été sont également à réfléchir dans le cadre du respect de l’environnement.