Semis tardif de maïs : quelle stratégie ?
Le 02 mai 2024
Les précipitations régulières et les températures froides de mars/avril ont fortement affecté les préparations de semis et les semis de maïs. La situation est généralisée.
Par exemple, la zone Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire et Hauts de France : jusqu’à 2 fois la normale des précipitations sur la période Septembre-Mars.
A noter, les inondations en Bourgogne et dans le Sud de la région Centre s’ajoutent aux problématiques des précédentes régions.
Ce contexte affecte tous les agro-systèmes, y compris les cultures d’hiver, dont certaines parcelles sont reconsidérées. Toutes les cultures de printemps n’ont pas été semées non plus.
Attendre les bonnes conditions pour semer
La réussite : la bonne levée (50% du potentiel)
Les principes fondamentaux à privilégier pour assurer une levée rapide et homogène
- Travailler en sol ressuyé
- Limiter les passages (= moins de tassement). Rappel : jusqu’à 35% de pertes de rendement en ensilage (source ARVALIS)
- Profondeur de semis à adapter en fonction de son type de sol et des prévisions météo à 15 jours (entre 3 et 5 cm)
- Rappuyer les graines pour une cohésion sol-graine (avec le réglage semoir et/ou utilisation de rouleaux en sol non battant)
- Protection de la graine si ravageurs
- Adapter les densités à la baisse de l’ordre de 10% (semis en mai)
En cas de semis tardifs
Le potentiel de rendement est affecté en fourrage (5%), comme en grain (10%).
Si la question du changement de précocité en fourrage se pose peu (juste récolte un peu plus tardive), la question est plus prégnante en grain où, au-delà de la baisse de rendement, il faut intégrer :
- Des récoltes plus tardives, pénalisant les cultures suivantes
- L’accroissement des risques de coups de vent automnaux
- Et aussi considérer des surcoûts de séchage en cas de maintien de la précocité initiale.
Par exemple, la moins-value en grain peut s’élever à environ 200€ en considérant un semis mi-mai (calcul pour 100qx à 170€/t avec 3 points de séchage supplémentaires).
2 voies possibles pour les agriculteurs :
Maintien des variétés prévues : adapter la densité pour limiter le risque de stress
En semis tardif, la densité devra être réduite de 10 % pour :
- Limiter les risques de verses (enracinement plus superficiel)
- Limiter l’allongement de l’appareil végétatif (tige plus frêle)
- Limiter les risques de stress estivaux durant la floraison et le remplissage du grain
Les limites : la valorisation de l’offre climatique (rendement), récolte plus tardive (plus humide en grain et retardée en fourrage) avec un risque d’impact potentiel sur la culture suivante.
Changement de précocité variétale pour s’adapter aux nouvelles conditions
Tout dépend du climat à venir, mais d’après les données de notre service Recherche&Développement, l’écart de potentiel entre séries de précocité est d’environ 5% par classe, avec 1 à 3 points d’écart d’H2O.
Le choix de semer des variétés plus précoces (1 à 2 classes de précocité) en cas de semis tardif permet de :
- Valoriser l’offre climatique (viser une floraison vers le 15 juillet)
- Maximiser le potentiel de ces variétés
- Récolter au bon stade dans de bonnes conditions (avec moins d’impact sur la culture suivante)
- Limiter le risque de gel en fin de cycle rompant la dessiccation du grain
Les limites : potentiel de rendement plus faible (ou aléatoire) que des pratiques habituelles.
Dans les conditions d’expression du potentiel comme en 2023, la différence de performances entre séries de précocité était de 5 quintaux entre G0 et G1 (5 lieux identiques) et 11,5 quintaux entre G1 et G2 (3 lieux identiques), avec une forte disparité des résultats selon les variétés (certains G0 étaient plus performants que des G1, et idem entre G1/G2).